Patrimoine Intelectuel

A Peyrat la beauté harmonieuse, à Icres la violente poésie

 

Napoléon Peyrat dit “Napol le Pyrénéen), est né le 20 janvier 1809 à Rébaillou (atelier de menuiserie de Gaby Soula, décédé); il est le fils de Jean-Eusèbe Peyrat et de Marguerite Gardel. Historien (essentiellement du catharisme et du protestantisme), écrivain, poète et pasteur à Saint Germain en Laye, il meurt le 4 avril 1881 et y est enterré, après quarante ans de ministère. Parmi ses nombreux écrits, retenons “L’Histoire des Albigeois, 1870-1872”; “L’Histoire des pasteurs du désert, 1842″; L’Arize, 1862”; “La grotte du Mas d’Azil, 1874”; “Les Pyrénées, 1877”, etc. Son régionalisme ne saurait être détaché d’un message d’universalité.

A chaque instant de l’oeuvre poétique de Peyrat surgissent ces noms chéris de notre terroir : Radalenque, Balaguer (c’est Marveille), la Quère, les Salenques, Ramos (Rams, le très vieux Bordes), Roquebrune, Camp Batalhé, Réballion. Il nous parle du cèpe de Gabre, de Bellevue et de Biscagne, de la source de Castagnes. Il chante la nature de son pays : le rossignol, la fauvette, le roitelet, le bouvreuil…. Victor Hugo et Lamartine louèrent cette “poésie très biblique, automnale et très cantabre”. Et Anatole France en 1924, dans la Vie Littéraire, qualifia Peyrat de “joyau du romantisme”.

Fernand Icres (pseudonyme, Fernand Crésy) est né à Les Bordes-sur-Arize le 15 novembre 1856. Il meurt à Castex le 14 septembre 1888 à l’âge de 32 ans des suites d’une phtisie. En 1878, il monte à Paris pour préparer l’école des Chartes qu’il abandonne pour s’imposer comme poète, tout en pratiquant le métier d’instituteur. Il s’engage derrière plusieurs mouvements de pensée plus ou moins satiriques qui se succèdent : les Hydropathes, les Zutistes, les Jemenfoutistes, les Hirsutes où il cotoie aussi bien Charles Cros que son voisin et ami pyrénéen Tailhade. Il écrit dans plusieurs revues et fréquente assiduement le cabaret, le théâtre, le café-concert “Le Chat Noir” situé en plein Montmartre. Une remarque : ayant assisté à une décapitation, Fernand Icres luttera contre l’utilisation de la guillotine et deviendra avant l’heure, un adepte de l’abolition de la peine de mort.

“Les Bouchers” (pièce de théâtre), “Faouches”, “Les fauves”, “Panurge” (livrets de poésie), “Le justicier” (roman dont l’action se déroule au Mas d’Azil), sont les principales créations d’Icres dans sa courte carrière.
Un quatrain célèbre d’Icres, toujours visible, orne l’entrée de la grotte du Mas d’Azil :

” En vain le souvenir dans le coeur des hommes

Sur ce roc par mes vers je veux éterniser

Malgré le temps qui fuit et le peu que nous sommes

Le parfum d’une fleur et l’émoi d’ un baiser”.